L’addiction s’il vous plait

 

D’accord, il faut rester connecté·e, disponible, flexible, performant·e, il faut contrôler sa vie, son corps, ses émotions… mais il faut aussi consommer davantage, de façon raisonnable, si possible avec bienveillance, et en pleine conscience. Situation tout aussi insoutenable que contradictoire !

Car depuis toujours, on modifie volontairement notre état physique et psychologique avec des produits, des rituels, des comportements…  Quelquefois, ça fait du bien, ça fait du lien. Quelque fois, ça cache la misère, ça permet de continuer, de supporter : plus dur, mieux, plus vite, plus fort ! Mais des fois, ça ne suffit plus, ça lâche : on perd le contrôle, ses proches, et surtout sa liberté.

Les addictions sont partout, légales et socialement tolérées quand elles se nomment alcool, tabac ou médicament, taboues lorsqu’elles s’appellent cannabis, cocaïne…  Et quand elles s’appellent jeu, sport, réseaux sociaux, sexe… ?

 Addiction partout… soin à la marge ? Les États, quand ils ne sont pas complices du trafic ou des lobbies, ignorent l’évidence : la prohibition ne fonctionne pas, la répression non plus. Les prisons craquent, la santé publique aussi. On sait prévenir, réduire les risques, on sait que les traumatismes liés aux violences (familiales, sexuelles, coloniales, sociales…) et la précarité sont des facteurs indéniables, mais on continue, en France et ailleurs, à menacer, surveiller et punir.

 Heureusement, dans les rues de Manille, au sein de la Première Nation des Kainai, en Ariège… des associations de prévention, des collectifs, des centres de santé communautaire œuvrent, luttent et prennent soin des usager·ères que nous sommes. Pour que consommation ne signifie pas forcément destruction, et parce que la liberté se cultive et se partage.