REGARDS POUR LES ENFANTS et PAROLES DE MOMES du lundi 6 au mercredi 8 juillet 2009

Le programme Jeune Public (pour les enfants de 2 à  10 ans et les grands enfants) a débuté au festival le lundi 6 juillet à  10 heures.

IMG_3571_-_copie.jpgUn rendez-vous incontournable pour les mômes du FESTIVAL.
La programmation variée par des films d’animation, des courts-métrages vise à  éveiller l’esprit de nos charmants bambins, que nous «Â traînons » derrière nous, au FESTIVAL, pour les détacher des écrans de TV et des jeux video.
Sans prétention, avec humour, bourré d’imaginaire, avec un poil de gravité silencieuse, tintée de poésie, comme dans la fiction coréenne JIBURO, les images projetées du Programme Jeune Public distillent des questions, des réponses, des regards sur les thèmes 2009 du FESTIVAL.

Pour le premier jour, on a fait très fort pour capter l’attention des mômes : on leur a raconté des histoires de LOUP !
Pour les mettre dans l’ambiance, avant la projection du film d’animation LOULOU (Grégoire Solotaref), un espèce de loup s’est invité sur scène pour poursuivre une petite fille Chaperon Rouge qui se cachait dans la salle. «Â Même pas peur ! », c’était pas un vrai, un monsieur déguisé avec des baskets mais, bon, il y a eu un peu de frissons de peur, de surprise quand il est sorti de derrière le rideau.

IMG_3346_-_copie.jpgLà  où ça commence à  devenir effrayant et rigolo à  la fois, c’est quand Olivier de Robert, conteur ariégeois, nous donne sa version de la fable d’Alphonse Daudet «Â La chèvre de Monsieur Seguin ».

Olivier de Robert
La jeune chèvre est toujours blanche et s’appelle Blanchette. Monsieur Seguin lui répète toujours qu’il ne faut pas aller, seule, dans la montagne car il y a le loup qui mange les chèvres égarées dans la nuit.
Mais, bon, vous savez comme sont les jeunes aujourd’hui, au bout d’un moment, ils ne vous écoutent plus et ils vous demandent de leur acheter un scooter pour goà»ter à  la liberté. Pour Blanchette, c’est pour aller dans la montagne… Monsieur Seguin cède et Blanchette conduit son scooter jusqu’au soir : «Â Reviens, reviens, Blanchette ! » hurle Monsieur Seguin.
Il fait sombre, le scooter tombe en panne d’essence. Qu’importe, Blanchette broute l’herbe tendre de la liberté.
Mais le loup est là . Blanchette lui demande gentiment qu’il ne la mange pas. Le Loup n’entend rien. Alors «Â les temps changent », le combat commence : «Â un coup de dent, un coup de cornes », entre les deux, la petite chèvre goà»te, tant qu’elle le peut, «Â au thym de la liberté ». Aux premières lueurs du jour, Blanchette cesse la lutte et s’étend sur cette chère herbe de montagne. Et «Â le loup la mangea ».
Le conteur Olivier de Robert interroge, ensuite, la salle bourrée de mômes et de quelques parents : alors, vous avez peur des loups ? NON ! s’écrient, unanimes, les jeunes spectateurs.
Olivier de RobertBon, c’est raté… Dans un conte, «Â faut-il toujours un méchant dans l’histoire et, pourquoi toujours le loup, le bouc émissaire ? »
Une autre question : «Â si vous n’avez pas peur, vous irez comme Blanchette dans la montagne ? »
NON ! Ah, quand même…Une petite fille s’exclame : «Â je n’irai pas toute seule dans la forêt, qu’avec mes parents ! » Tous les parents dans la salle affichent un sourire radieux.
Normal, comme conclut Olivier de Robert, «Â ce conte a été créé pour éviter l’imprudence des enfants ».Et ça marche toujours, même si Blanchette est en scooter.

La projection qui suit, LOULOU, nous présente un jeune loup perdu dans la forêt, complètement à  contre-emploi, ce loup ! Un drame est survenu, le laissant seule au monde, sans savoir quel est son nom et qui il est. Recueilli par une troupe de lapins jazzeux (merci Sanseverino pour la bande-son), il devient LOULOU qui préfère être gentil, pas méchant comme les trois loups pas beaux qui dressent des pièges aux lapins.
Avec ces décalages fantaisistes, pour faire rire les petits enfants autour du loup, ce film d’animation leur fait se poser une question existentielle : c’est quoi l’identité ? Qui suis-je si l’autre à  côté de moi ne me le dit pas ? Je suis quelqu’un par le regard que l’on me porte, une forme de reconnaissance, mais aussi par les sentiments, affection, amitié ou amour, que je reçois. Ainsi, LOULOU, comme et pour son ami lapin, est gentil, pêche le poisson sans succès, aime le jazz et la mousse au chocolat.

JIBURO, fiction du coréen Lee Jung-Hyang, projeté le mardi 7 juillet, nous raconte la rencontre poétique et sensible, pour la première fois, entre un petit garçon citadin d’aujourd’hui, mordu de jeu video et de super héros, et sa grand-mère à  la campagne.
Une jeune spectatrice de 11 ans, Lucille Eon, nous décrit ce qu’elle a vu dans ce film :
«Â Un jeune enfant part chez sa grand-mère muette qu’il n’a jamais vu. A cause d’une enfance souffrante, la grand-mère devra, au début, supporter la colère de l’enfant. Au fur et à  mesure des jours, l’enfant s’habitue. En tombant amoureux d’une petite fille, il va changer de comportement. Il apprendra à  sa grand-mère l’écriture pour qu’ils puissent s’écrire des lettres quand il partira. Finalement, l’enfant devient différent et aime sa grand-mère ».
«Â Quand on a que l’amour… » comme chantait Monsieur BREL.

LABAN-web.jpgLe Mercredi, jour des enfants, journée aussi particulière au FESTIVAL RESISTANCES, les charmants bambins venus nombreux découvrent 6 courts métrages d’animation suédoise, LABAN, LE PETIT FANTOME, de Lasse Persson et Per Ahlin.
Le héros fantomatique est, comme notre petit LOULOU, un personnage à  contre-emploi. Imaginez : un fantôme qui a peur du noir !
Pour faire comme sa famille fantôme, Papa, Maman et grande soeur LABOLINA, il doit réussir à  faire peur et cela le désespère : «Â je n’arrive pas à  faire peur ». Ironie du sort, le hurlement le plus effrayant qu’il va, enfin, produire, est devant son reflet éclairé dans le miroir par une torche.
Quelques perles d’humour parsèment ces courts-métrages, par exemple :
pour faire peur, faites tourner, sur un disque de hard-rock, une citrouille façon Halloween, au fond d’une cave sombre, pour faire peur, ne le faites pas exprès, soyez vous-même, comme LABAN qui, par inadvertance, terrifie l’amie de la reine du Château Froussard, ne mettez pas en colère la grande soeur LABOLINA, sinon elle imitera le son du marteau-piqueur et ses vibrations.
IMG_3571_-_copie.jpgUne leçon aussi, pour les parents : écoutez enfin vos enfants quand ils veulent vous dire quelque chose, ils ont souvent raison. Comme ce pauvre chien Rufus, sachez voir ces gestes (porte-voix, panneau de signalisation) et ces regards désespérés pour que les humains et les fantômes du Château Froussard le prennent au sérieux. Il a sà»rement la réponse à  la question que vous vous posez.
Au cours des 6 séquences d’animation, LABAN grandit et progresse en apprivoisant sa peur du noir, grâce à  la torche électrique et, surtout, en suivant, son ami le petit prince, même dans les profondeurs sombres du Château. Même un fantôme, grâce à  l’amitié, peut tout vaincre.

Texte : Patricia Eon
Photos : Mina Tanière