Mardi 7 juillet 2009

Morceaux choisis :

Repères donnés par les intervenants pour le lancement du débat
Questions/réponses et déclarations du public en salle

Quand on parle de contestation, cela renvoie aux questions suivantes :
quels rapports se nouent entre le pouvoir et l’art ?
l’art est-il vraiment utile pour transformer la société ?

Michel Mathieu, directeur artistique et metteur en scène du Théâtre l’Acte de Toulouse, nous donne un premier éclairage : il oppose «Â l’art qui rompt » et la culture «Â consommation culturelle immédiate ».
L’Art, avec un grand A c’est «Â ce qui, à  chaque fois, relance les dés », le seul qui est là  pour transformer la société.
La contestation est une réponse à  une situation antérieure alors que l’Art agit dans le présent.
Aujourd’hui, on assiste à  «Â la volonté de repolitiser l’art » et de lui donner «Â un certain modèle d’efficacité ». Les relations entre le producteur et l’artiste en sont affectées et ce qui en découle : la liberté de création. Mais, dans un même temps, privé de ces relations, l’artiste risque l’isolement, alors il est difficile de bouleverser une société avec qui on perd le lien.
En conclusion, Michel Mathieu nous donne une note d’espoir :
«Â L’art est révolté parce qu’il présente des choses révoltantes » et, face au modèle dominant du capitalisme, de la mondialisation, s’il y a encore un «Â spectateur émancipé » cela constitue «Â une planche de salut ».

David Faroult, réalisateur et enseignant-chercheur en cinéma à  l’Université Paris Est Marne-la-Vallée, dont le travail de recherche est issu du cinéma militant de l’après 68, nous présente la question suivante en repère :
Comment se construit une oeuvre et la relation avec son public ?
Tout d’abord, le slogan selon lequel «Â L’art est un rempart contre la barbarie » constitue une forme d’idéologie : cela dépend à  quoi il sert pour qui, contre qui ?
La contestation naît de la liberté de réappropriation de chaque spectateur.
On distingue deux types de cinéma :
«Â Le cinéma dominant qui veut programmer nos sensations », comme les films de James Bond, les spectateurs rient ou pleurent, au même moment, à  l’unisson.
L’autre cinéma, les films de Godard par exemple, postule l’égalité entre le réalisateur et le spectateur, qui ne réagit pas à  l’unisson mais selon ce qu’il a décodé, ressenti.
Cet autre cinéma subit, aujourd’hui, de nombreux problèmes pour sa diffusion et sa production. Notamment, les télévisions à  vocation dominante commerciale, type TF1, M6, veulent faire disparaître ce cinéma qui ne correspond pas à  leurs intérêts économiques.
En réponse à  la déclaration de l’intervenant Jean-Christophe Camps, compositeur de musique électroacoustique, membre de Kristoff K.Roll, «Â 15 ans à  regarder TF1, on est foutu », David Faroult explicite ce propos au public de la salle qui l’a ressenti comme une expression de mépris à  son égard :
Le problème des oeuvres diffusées sur TF1 est qu’elles «Â sollicitent peu de nous et d’autres beaucoup (comme l’autre cinéma) ». A force de toujours mobiliser «Â le minimum de nos facultés, elles restent en sommeil ».

Quelques interventions du public :

On vit «Â un mouvement exceptionnel de prise de conscience par la crise, la perte d’humanité, on peut retrouver du sens par l’art ».
«Â On est entré dans l’ère de la société du spectacle qui manipule car, entre deux spectacles, on ne pense pas ».
«Â l’Art est un produit de haute nécessité pour sortir du trou où nous sommes ! ».
Question : «Â L’accès via Internet constitue t-il un mode nouveau de diffusion pour développer cet autre cinéma »
Réponse de David Faroult : «Â La diffusion par Internet modifie le dispositif de l’art cinématographique car il n’existe plus le collectif «Â des spectateurs devant un grand écran, «Â comment Internet le modifie, on ne sait pas encore. »
Nous vivons, aujourd’hui «Â une situation exceptionnelle » car dans l’histoire des civilisations, «Â du temps de Léonard de Vinci, longtemps le peuple n’a pu s’exprimer par l’art ».

Conclusion personnelle

Aux détours des échanges entre la salle et les intervenants, j’ai ressenti un message d’espoir pour construire un avenir grâce à  l’appropriation libre par chacun de l’Art.
A tort, cette possibilité semblait acquise à  ce jour, alors que l’art fut très longtemps la chasse gardée des élites. Progressivement, depuis le début du XXème, l’art est devenu partie intégrante de l’éducation des citoyens dès l’école maternelle et cette part s’amplifie d’année en année.
Pour éviter de sombrer dans l’abrutissement des TF1 et compagnie, dans la manipulation des spectacles incessants (images polluantes de toute part), messieurs les artistes, chercheurs et enseignants des arts, merci de nous donner les clés pour s’ouvrir à  «Â l’autre cinéma », celui qui nous rend libre de contester et de «Â relancer les dès »!