LA BATAILLE DE TCHERNOBYL Documentaire (2006) de Thomas Johnson
Jeudi 9 juillet 2009

26 avril 1986, 1 heure du matin, se produit la plus grande catastrophe nucléaire de notre histoire.
20 ans après, l’ampleur du mensonge et des sacrifiés ignorés dans les statistiques officielles donnent le vertige :
Saviez-vous que 600 000 personnes civiles et militaires ont mené une véritable guerre, pendant 7 mois, pour éviter que survienne une deuxième explosion qui aurait été 10 fois supérieure à  celle d’Hiroshima, ravageant la moitié de l’Europe ?

Vertiges des chiffres, chiffres de l’horreur

600 000 fois la norme de radioactivité vitalement supportable par l’organisme humain, ce fut la première mesure, au lendemain de l’explosion, qui fut effectuée dans les rues de Pripiat, ville située à  3 km de la Centrale nucléaire de Tchernobyl.
30 heures après l’explosion, la population entière de Pripiat est évacuée, 143 000 habitants, les premiers réfugiés de l’atome, qui quittent leur chez-soi, dans l’ignorance complète car ils n’y reviendront jamais.
24 heures après, 600 pilotes d’hélicoptère se sacrifient pour jeter des tonnes de béton sur le brasier nucléaire.
10 000 mineurs, des Mines de Toula, creusent, à  un rythme infernal, à  raison de 13 mètres par jour, une galerie souterraine jusqu’au réacteur de la Centrale pour éviter la 2ième explosion, pendant 1 mois et 4 jours : 2 500 mineurs mourront peu après, absents des statistiques…
10 000 «Â liquidateurs de la radioactivité » détruiront maisons, forêts, murs, terres,…contaminés, des travaux gigantesques par l’épuisement des hommes et par leur inutilité
18 milliards de dollars, ce fut le coà»t des réparations de la catastrophe nucléaire pour l’URSS, qui précipita sa chute et mis fin à  la Perestroïka quelques années plus tard.
20 ans après, 8 millions de personnes vivent, en Ukraine, sur les terres contaminées, sans aucune information.
Un bilan officiel du nombre de victimes : 20 000 morts, 200 000 invalides.

Et l’Homme dans tout cela ?

Le scientifique fut d’abord arrogant et aveugle par rapport aux effets imprévus dans ses équations de l’explosion nucléaire de Tchernobyl. L’Académicien de physique nucléaire de l’URSS déclara, au lendemain de la catastrophe, au Président Gorgatchev, que la Centrale de Tchernobyl était tellement sà»re que l’on aurait pu la mettre «Â sur la Place Rouge, comme un samovar »Â !
Un groupe de scientifiques hébétés, inconscients se réunissent deux jours entiers dans un hôtel de Pripiat (à  3 km de la Centrale) pour aboutir à  …rien. Ce rien est terrifiant dans sa signification : le scientifique se révèle, donc, incapable de concevoir l’effet imprévu de sa propre création.
Face à  l’impuissance des scientifiques, l’irrationnel de la nature humaine a repris le dessus pour trouver les solutions par :
L’improvisation, face à  l’urgence
Le sacrifice, malgré les risques de mort quasi-certaine, des mineurs, militaires et civils témoignant après : «Â on a fait notre devoir », «Â je ne regrette rien », «Â comme vampirisés, vidés de notre sang »…
La résignation et l’incrédulité, les vieux, ayant vécu les guerres mondiales, ne croient pas en «Â l’ennemi invisible », et puis, «Â il n’y a pas de vie sans risque ».
Les robots devenant inutilisables, sous l’effet de la radioactivité, pour déblayer le toit de la Centrale de débris ultra-dangereux, ils sont remplacés par des hommes de 20 à  30 ans, qui seront surnommés «Â bio-robots ». Pendant 2 semaines et demi, ils travailleront, comme des fourmis, dans un état d’épuisement total.

Mais, 20 ans après, les consciences des hommes et des femmes qui se sont sacrifiées prennent, enfin, l’ampleur de l’horreur, «Â celle de la véritable nature de l’énergie nucléaire entre les mains de l’homme »Â :
«Â mes hommes ont été contaminés, pour nous, la guerre continue, aussi pour nos enfants ».
Encore niés dans les statistiques officielles, le nombre croissant de nouveaux nés, dans les zones contaminées, avec des malformations effrayantes, sans bras, sans jambes démontre, en effet, que la radioactivité tuera, handicapera encore longtemps et, selon les dires d’un scientifique, sa durée serait proche de l’éternité !
«Â Si nous avions su… » déclare avec remords l’ancien Président Gorbatchev. Pour lui, la seule leçon à  tirer de cette catastrophe nucléaire est qu’il faut trouver «Â de nouvelles sources d’énergies ».

Le mensonge gigantesque et le silence de mort

Aux premières heures de la catastrophe nucléaire, un photographe survole, dans un hélicoptère, le réacteur éventré, vomissant son nuage radioactif (vous savez, le fameux qui s’est arrêté aux frontières de la France). Il témoigne, 20 ans après, du «Â silence de mort, de l’abysse » qui l’a envahi devant ce spectacle. Toute sensation s’est figée, même l’appareil-photo s’est arrêté définitivement après quelques images prises de l’incommensurable.
48 heures après l’explosion, aucune consigne ne fut donnée aux populations dans le champ de la contamination.
«Â Comme si le pays ne voulait pas voir », les manifestations du 1er mai, à  peine 5 jours après, sont maintenus en Ukraine. Le photographe des premières heures les décrit comme «Â les parades de la mort ». Les photos prises ce jour-là  disparaîtront, étrangement, des archives. Certaines, il est vrai, épargnées de l’oubli, sont éclairées de flash provenant de la radioactivité.
Pendant les 7 mois que dura «Â la bataille de Tchernobyl », la réalité du danger, des risques encourus, de ce qui s’était passé, tout simplement, ne fut jamais divulguée aux «Â liquidateurs » et autres sacrifiés mais aussi aux populations proches, à  toute l’URSS, l’Europe et le monde entier !
Comme l’exprime une députée russe, en 2006, «Â le mensonge s’est propagé comme la radioactivité ».
Même si, pour la première fois dans son histoire, l’URSS a choisi la politique de la transparence et la coopération avec les Occidentaux pour faire face à  la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la chape de plomb du silence est retombée après la fin de la Pérestroïka et, surtout, l’ensemble des gouvernements occidentaux se sont accordés pour ne pas dire…jusqu’à  nos jours.

Extraits du débat entre le public et le réalisateur

Public : Comment les scientifiques ont pu rester, sans protection, en réunion, à  côté de la Centrale, pour tenter de comprendre, malgré leur intelligence ? Ont-il changé, depuis, leur conscience par rapport au danger nucléaire ?
Réalisateur : Les scientifiques n’arrivaient pas à  croire, à  accepter que ce type d’accident se soit produit. La communauté scientifique américaine a mis 3 ans à  «Â accepter » l’incendie du réacteur de la Centrale de Three Miles Island…Aujourd’hui, ils n’ont pas vraiment changer leur conscience car ils vous répondent toujours que l’accident survenu à  Tchernobyl est «Â très peu probable »
Public : Et alors, n’empêche qu’il s’est produit et peut se reproduire !
Réalisateur : Exactement, donc, la question est plus pour nous, ce que nous sommes capables d’accepter.
Public : La catastrophe de Tchernobyl déclencha, aussi, «Â le début de l’idéologie de la transparence selon laquelle on devient tous responsables car on est tous prévenus »
Conclusions du réalisateur :
«Â Il y a 52 réacteurs nucléaires en France, sans aucune transparence pour les populations qui vivent autour des centrales.
La solution ? C’est criminel de continuer le nucléaire ! ».