Le débat « L’usage de la violence comme mode d’expression politique » a fait salle comble. On craignait de se perdre, de tomber dans des vieux débats nationalistes, de noyer la critique sociale : tout cela a coexisté. Le seul qui a fait vibrer la salle c’est Gabriel Mouesca, leader basque et Président de l’Observatoire international des prisons. Une volonté et un discours sans faille qui légitime la lutte du peuple basque pour son identité culturelle et politique. Mais il nous fit vibrer quand il raconta qu’il participa à  une commission « humanitaire » avec des magistrats. L’un d’eux entama les travaux en précisant qu’ils allaient essayer d’améliorer les conditions de détention alors qu’il n’y avait pas de prisonnier dans cette commission. Rires convenus. Gabriel Mouesca pris alors le micro expliquant qu’il avait purgé 17 ans de prison en tant que militant basque. Un magistrat pris ensuite la parole pour préciser qu’il avait été condamné pour faits de résistance, c’était le même, 17 ans plus tôt, qui l’avait fait condamné pour terrorisme.

Contrairement aux débats précédent ce qu’il ressort c’est qu’il n’y avait pas d’objet précis pour ce débat. La ville, l’habitat collectif, la construction en milieu rural, éphémère ou non : c’est cernable. Mais résistant ou terroriste cela traverse tous les champs de l’histoire humaine caricaturé jusqu’à  l’extrême par l’universitaire Xavier Crettiez qui, après une introduction sémantique de bonne tenue, dit « même être assis sur une chaise à  écouter un conférencier, c’est violent ». Eh bien non ! quand même pas. Je suppose qu’il dit ça pour « déminer » des interventions décousues qui exprimeraient plus du pathos individuel.
Il n’y en eu qu’une. Un ancien militaire d’une quarantaine d’année qui a fait la campagne d’Irak et qui développe un discours délirant. Ou plutôt un monologue continu, quand on l’écoute et quand on lui pose quelque question qui le conforte dans sa logorrhée. Il mélange des informations précises glanées dans la presse et sa non reconnaissance alors qu’il a des solutions pour régler les problèmes mondiaux. Notamment pour faire du désert un jardin maraîchers (Eden ?). Comme les tueurs en série, il se prend pour la Loi et plus ou moins inconsciemment pour Dieu. A moins de conditions très particulières, il ne passera pas à  l’acte violent car il a le ferme espoir que l’on va le reconnaître et que l’on fera appel à  lui …..
Il symbolise à  sa manière tous les égocentrismes que nous exprimons sous couvert de vouloir améliorer la société.

Tout ceci c’est une question de mesure, de temps et d’interactions entre les choix individuels et collectifs. Nos choix individuels sont de plus en plus nombreux et il devient absolument vital de construire un sens à  nos expériences subjectives. Il me paraît évident que les deux thèmes du prochain festival 2009 porteront sur « Croyances, religions et subjectivité » et sur « Santé et industries pharmaceutiques ». Les ponts entre les deux thématiques sont évidents et une nouvelle lecture sociale des luttes collectives émergera d’elle même.


Alain Dussort

Bous nouvelle

Un rêve sur mesure

Entouré d’un noir de jais, apparaît la figure d’un vieux sage, immaculé. Une présence très forte qui capte toute l’attention. Il est assis sur un siège que l’on ne voit pas car il porte une grande draperie plissée qui descend jusqu’au sol. Sa jambe droite croisée sur sa jambe gauche. Son coude droit posé sur sa jambe droite, son avant-bras et sa main droite sont en l’air.
En vis-à -vis, son avant-bras et sa main gauche sont également en l’air. Toute la présence du vieux sage est dans cette attitude immobile qui me pose une énigme : quelle est cette distance ?
Le vieux sage à  l’apparence d’une statue. Il est pourtant très vivant et me sourit malicieusement. Mon corps n’est pas matérialisé et mon esprit tourne autour du vieil homme. L’idée d’une mesure toute simple traverse mon esprit et se matérialise sous la forme d’un mètre pliant en bois d’un très beau jaune sur ce fond noir de jais. Immédiatement, je sais qu’il ne s’agit pas de cela et le jaune disparaît. Ne cessant de rêver, je me mets à  tousser violemment. Un improbable compas, une boussole, une série sans fin d’idées de mesure traverse mon esprit à  une vitesse vertigineuse. Puis tout s’arrête. Voilà  ! c’est le piège ! Il ne faut pas chercher à  mesurer. Le regard malicieux du sage poursuit sa présence sans autre forme de compréhension. La toux me reprend violemment, s’intègre au rêve et je me dis alors : « tant que je n’aurais pas trouvé cette distance qui ne se mesure pas je tousserai sans fin et je ne pourrais pas dormir tranquille. Je sentis alors mon esprit partir au loin. Au travers des schémas d’activités dont je savais tout au plus que c’étaient des schémas d’activités où le facteur temps était exponentiel. Tout se ralentissait à  nouveau et je me voyais revenir vers le vieux sage avec l’idée de mesure en tête, avec l’intention de jauger la distance entre ses mains. Merde ! me dis-je, je suis retombé dans le piège. Une quinte de toux accompagna cette redécouverte. Inutile de partir au loin, la solution est là . Je dois la trouver …
Et alors, enfin, tout s’éclaircit. Mais bien sà»r !, c’est le cœur. C’est l’esprit du cœur qui est partout et en toute chose et qui ne peut donc se mesurer.
Pour avoir la paix, il suffit de percevoir cet esprit du cœur et l’on ne se sent plus séparé des choses et des êtres que l’on rencontre.
Tout disparu et je dormis alors tranquillement jusqu’ au matin.