Une volonté commune de toute l’équipe, soudée, motivée pour vivre une expérience. Celle de documenter, d’échanger, tout d’abord de s’impliquer dans une organisation qui mêlent mille gestes, mille regards et des milliers de mots. Coller les affiches, mettre les panneaux, entrecoupés par des poses, des postures, parfois une certaine poésie et de vrais sourires : le festival avec ses rires et ses stances (groupe de vers offrant un sens complet, suivi d’un repos).
Valérie qui n’apprécie pas ma vanne avant la projection en plein air de L’esquive à  la cité du Courbet :
Ca doit te changer d’être au Courbet ?
Ah bon pourquoi ?
Parce que ces derniers jours tu faisais surtout des courbettes !
Et pour cause. La mairie avait fait tout un tralala sur cette initiative justement parce que l’animation culturelle faisait partie du programme municipal, et puis, et puis ils ne sont pas venus pour le repas alors que les jeunes de la cité avait émotivement investi cette rencontre.
Il y avait personne pour couper l’électricité, et puis, et puis…
Valérie, réalisatrice et coordinatrice, elle se fait son film. Elle croyait que le tas de terre merdique qui avait été mis là  trois jours auparavant, allez être couvert de fleurs par la municipalité pour l’occasion ! Eh bein non ! Heureusement ! ça va pas le caillou !
Sans fleurs c’était mieux. C’était comme une grande tombe qui symbolisait l’oubli complet de ce que signifie réellement la fraternité, l’égalité et la liberté.
Exactement le symbole inverse, de ce symbole d’ouverture qu’est ce magnifique sexe féminin peint par Courbet, qui fut exilé par l’état français pour sa participation à  la Commune de Paris (Courbet ! pas le sexe !… quoique ?)
Mais la séance était très chouette et c’était différent de voir ce film dans cette cité. C’était plus profond. La même profondeur que l’on trouvait dans les yeux de ces vieux cévennols filmés par Depardon que l’on avait vu deux heures avant dans la grande salle.
Oui ! la même…
Et puis le lendemain cet élu de Bretagne qui intervenait au débat sur l’habitat collectif, qui vint nous voir ensuite au repas pour nous dire à  quel point l’administration et les politiques avaient fini par tout bloquer sur ces questions. Il ajouta, lui, l’élu municipal :

  vous ne vous rendez pas compte de ce que vous faites en mettant votre bulletin dans l’urne !

  Je répondis : Mais si, comme l’a écrit le grand géographe Elisée Reclus, dont le frère Elie (oui Elie, pas Elu !) pris une part politique active durant la Commune de Paris, « Voter c’est abdiquer ! »
Le Festival c’est aussi ça, des téléscopages créatifs, il suffit d’être un peu attentif.


Alain Dussort