Lorsqu’un mot n’est pas utilisé, le concept semble ne pas exister. L’amitié et la solidarité entre femmes sont très peu représentées (au cinéma, dans la littérature,…), les mouvements féministes peu médiatisés alors même que nous vivons un moment important de la révolution féministe qui a commencé il y a déjà bien longtemps. Récemment, le mouvement #MeeToo et ce qui en a suivi, fut une belle démonstration de sororité et a participé à libérer la parole. Les moeurs changent, mais le système patriarcal et les institutions qui le constituent se durcissent. A travers le monde, des mains se lient pour faire front, puiser la force et déployer des actions. Les exemples ne manquent pas ; la performance Un violador en tu camino du collectif chilien Las Tesis qui a essaimé dans plusieurs pays, les mobilisations contre le nucléaire en France depuis les années 60, les multiples initiatives écoféministes, les luttes pour la légalisation de l’avortement en Argentine, … Sans vouloir gommer la pluralité des femmes et les rapports de domination qui peuvent exister au sein même d’un groupe opprimé (racisme, classisme, homophobie, transphobie, …), nous souhaitons ajouter un maillon à la chaîne en mettant en lumière différentes expériences de solidarité. Comment ces alliances se sont-elles formées, quelles sont leurs spécificités, qu’est-ce qui fait leurs forces?
« L’échange tactile mène à une capacité d’agir. Tendre la main vers une autre, c’est l’amener vers soi, la tirer de ce qui l’englue, de ce qui peut-être même la tue, pour aller ensemble vers le mouvement. » – Nos mains nues, Iris Brey – texte issu du livre Sororité, Chloé Delaume.