Au dernier jour du thème MURS ET FRONTIERES, des questions terribles se posent :
Le Pays dit «Â des Droits de l’Homme » sait-il encore accueillir, qu’est devenue l’humanité dans l’indécent traitement mondial des immigrés, assistons-nous à un tournant radical des politiques de l’immigration ou n’est-ce que la révélation de ce qui s’est pratiqué depuis des dizaines d’années en souterrain, alors, faut-il avoir peur de l’avenir ?
Commençons par un trait d’humour, celui du film d’animation «Â L’immigration en France » (Marc Ménager 2007) de la préhistoire à nos jours. L’origine de tous nos malheurs aujourd’hui provient de «Â l’homme mobile depuis la nuit des temps » et qui veut aller toujours plus loin. Au cours de l’Histoire, ça bouge tout le temps car «Â construire un pays, c’est comme faire le ménage dans une maison avec des enfants » : au gré des populations qui passent et repassent les frontières, les guerres puis les révolutions, on est «Â du bon ou du mauvais côté de la frontière ». Après la révolution industrielle puis «Â le grand déballage féroce de la modernité », la Première Guerre Mondiale, des soldats du monde entier combattent puis «Â on a besoin de bras » pour reconstruire. Tout cela a constitué la France, «Â le blanc de notre drapeau, c’est le mélange de toutes nos couleurs ».
ATA (Fiction de Cacla Zencirci et Guillaume Giovanetti 2008), diffusée dans le cadre de la programmation Ados Jeunesse, raconte, avec poésie, la rencontre de deux solitudes en France : une jeune femme turque et un vieil ouvrier ouïgur, qui parle un turc ancien depuis mille ans dans une province de Chine. Leurs points communs sont la langue turque et le mal du pays qui les rapprochent tout simplement dans le partage sous le toit décrépi d’un immeuble en chantier.
Quelques rites culturels – le thé, la danse et le chant, lire l’avenir dans le marc de café ““ suffisent pour raviver leurs racines d’autant plus fortes qu’ils sont loin de chez eux .
La souffrance de ce vieil homme, l’ata, qui signifie «Â père » en turc et en ouïgur, est émouvante, lui qui se sent déjà étranger dans son pays d’origine, la Chine, mais dont il ne parle pas la langue : «Â c’est idiot !» s’exclame t-il.
Mais il souffre aussi de l’éloignement de sa famille restée là -bas. Le seul bonheur qu’il a trouvé est cette rencontre éphémère avec la jeune femme turque dans sa vie de déchirements permanents.
Est-ce donc ce seul sort qui attend les millions d’immigrés aujourd’hui ?
NO COMMENT (Documentaire de Nathalie Loubeyre 2008) nous révèle aussi que, les immigrés errants dans la ville de Calais, après la fermeture du centre de Sangatte, non seulement, souffrent mais aussi qu’ils sont condamnés au SILENCE.
La parole détermine leur sort, ce qu’ils doivent dire et répéter inlassablement lors des entretiens successifs, pour leur stratégie de demande d’asile, auprès des différentes autorités pendant deux ans, quatre ans, dix ans, d’un centre à l’autre, souvent pour rien et le retour à l’errance plus misérable qu’avant. Les immigrés sont traînés «Â à perpète » pour finir leur vie dans les bas-fonds de la clandestinité.
Alors ils se taisent : NO COMMENT.
Ils sont 800 en permanence, alors qu’ils étaient 400 quand le centre de Sangatte les accueillait, dans une situation hallucinante depuis 6 ans.
Révoltés par l’omniprésence de la police qui les agresse régulièrement en toute impunité, leur manifestation, dans les rues de Calais, est SILENCIEUSE. Leurs regards embués et leurs pupilles brà»lantes de colère rentrée sont plus forts que tous les discours.
Le SILENCE pèse, aussi, sur la masse de la population qui agit en souterrain pour les nourrir, les laver, les héberger ou les soigner, évitant volontairement la caméra.
Comment ne pas faire l’association de cette masse aidante et silencieuse avec «Â les combattants de l’ombre » de «Â l’Armée du Crime » de Robert Guédiguian ?
Sans choix politique en France et en Europe, la seule issue qui nous reste est-elle LA RESISTANCE mais alors c’est LA GUERRE ?