Vendredi soir, ouverture du festival.

21 h : Rendez-vous sous le chapiteau pour la présentation des thématiques par les comités de programmation. Beaucoup de monde sur l’estrade, mais certains se cachent…

21 h 30 : Des musiciens nous emmènent jusqu’à  la grande salle. Embouteillage dans l’escalier. Ouverture officielle avec… les officiels, et Gérard, moins officiel, dédie le festival aux familles ariégeoises menacées d’expulsion.

21 h 47 : Les lumières s’éteignent. La salle est comble pour le nouveau Guédiguian, L’armée du Crime. C’est parti.

22 h 12 : Le film se fige, la pellicule bouillonne, crame, fond.
Noir.
La salle retient son souffle.
Les lumières se rallument.

22h 17 : Valérie annonce un entracte.

22h 32 : Retour dans la salle. On n’a perdu aucun spectateur en route. Valérie prévient, on lance le projecteur manuellement, on ne sait pas si on ira au bout.

22 h 34 : Crépitement, silence dans la salle… Le film repart. Applaudissements.

0 h 28 : Fin de la séance. Des yeux un peu rouges, des spectateurs émus.

Comme héros de la soirée, Manouchian a été eclipsé.

Nelson raconte.
« Moi je ne bossais pas vendredi, je ne m’occupe que des plein-air sous la halle. Je suis quand même passé en cabine, pour faire connaissance avec les nouveaux du festival, et voir si tout allait bien. Je suis resté derrière. Ils étaient tendus, mais ils ont lancé et tout allait bien. Je les ai laissés.

J’étais en train de boire un coup, le téléphone sonne.
“Il est mort. Le projecteur”.
Je fonce, j’arrive en cabine. Certains galets tournent, d’autres pas. je l’ai dans la tête, cette machine. Je pense tout de suite, la courroie.

J’ai le lethermann dans la poche. A ce moment-là , tu fais le vide dans ta tête, tu es dans la machine. Il faut aller vite, la salle est pleine, tu leur dois ça. Tu démontes le panneau, tu vois la courroie effilochée. Elle est morte. La courroie tourne mais pas les poulies.

L’autre appareil dans la cabine. Il est mort mais la courroie est neuve. Tu la mets, tu règles les tensions, tu contrôles. Dans ta tête, t’as déjà  fini ton travail. Mais est-ce que l’appareil va tourner ?

On teste, mais il faut lancer manuellement, l’électricité prend le relais. Je demande à  Valérie de faire un avertissement à  la salle. Je ne sais pas si la machine va tenir.

On l’a donc lancée manuellement, mais je leur ai demandé de ne pas éteindre les lumières avant d’avoir l’image sur l’écran.

Quand tu aimes ton métier, le pire, c’est les sifflets. Si tu n’es pas sà»r que tu peux assurer la projection, surtout après une interruption, il ne faut pas faire commpe si tout allait bien. Il faut prévenir les spectateurs. On a un devoir vis-à -vis de ces personnes. »

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